Est-il possible dans un appartement existant antérieur à 1990 de ventiler pour éviter l'apparition d'humidité et de condensations sur les murs extérieurs?
- Un appartement type avant 1998, l'année où la Région Wallonne a rendu les ventilations obligatoires dans tous les nouveaux logements et à chaque modification ou
transformation de ceux-ci, notamment lors du remplacement des châssis que les menuisier doivent prévoir avec des grilles de ventilation ou la quincaillerie ROTO à léger
basculement, mais non agréée par le RW.
- D'où vient la vapeur d'eau?
- Comment ce gaz évolue-t-il dans l'air?
- Peut-on améliorer la ventilation?
- Quels conseils faut-il donner au propriétaire et au locataire?
Constat
En visite des lieux avec le juge de Paix, en présence du locataire et du propriétaire, ainsi que leurs avocats, nous constatons :
- En entrant dans les lieux, une forte odeur d'humidité, de renfermé et de moisi ainsi qu'une température élevée;
- Une horloge indique précisément dans le salon une température de 25° et un taux hygrométrique de 65%, la moyenne dans un logement normal devant être comprise entre 30 et 70 % suivant le local et la saison.
- Le chauffage central au gaz est éteint et remplacé par deux convecteurs radiants électriques de 2 Kw chacun.
- L'appartement situé au rez-de-chaussée comprend 1 hall, 1 WC avec grille de ventilation, 1 séjour, 1 cuisine avec hotte vers l'extérieur non fonctionnelle, 3 petites chambres de 9 à 12 m2, 1 salle de bains avec grille de ventilation et 1 hall de nuit. La surface totale est approximativement de 70 m2 avec une hauteur sous plafond de 2,40 m.
- L'appartement comporte 3 façades, la façade pignon au Nord-Ouest étant accolée contre l'annexe d'un voisin avec une poutre en saillie au dessus pour reprendre le plancher du 1er étage et l'élargissement du mur pignon au dessus de l'annexe, un beau pont thermique !
- Tous les châssis sont en bois peint, simples ouvrants sans aucun tombant, avec des doubles vitrages. Sur tous les doubles vitrages, il y a des gouttes d'eau à la base et le bois est mouillé.
- Dans les 2 chambres du pignon, on observe sous le plafond des taches humides au mur pignon avec 100 % d'humidité et l'apparition de quelques moisissures dans les coins, c.-à-d. tout le long de l'emplacement de la poutre en encorbellement extérieure (pont thermique froid). Dans la chambre parent, il y a aussi des traces de remontées d'eau sèches à la base du mur pignon pourtant protégé par l'annexe du voisin, mais avec encore des plages de plafonnage humide et des moisissures là où le matelas du sommier des parents touche le mur. Il n'y a pas de lit. Signalons que la douche à côté a connu un épisode de fuite au niveau de la crépine, que de l'eau s'est insinuée sous les chapes et que ce sont ces traces qu'on observe à la base du mur pignon de la chambre.
- Par ailleurs, sous le carrelage en granito de la salle de bains et du hall de nuit, il y a encore 80 % d'humidité, mais la surface des carrelages est sèche. Les chapes dans les 2 chambres voisines ont un taux d'humidité quasi normal de 20%.
- 2 adultes et 4 enfants se partagent les lieux, les 2 enfants les plus jeunes étant dans la chambre parent qui comporte donc 4 dormeurs dans une pièce de 12 m2.
- Dans la salle de bains qui est entre les 2 chambres humides, il n'y a aucune traces de condensation ou de moisissure, de même que dans le WC, mais rappelons que ces 2 locaux bénéficient d'une grille de ventilation statique qui a l'air de bien fonctionner, malgré le blocage par de la peinture de ces grilles à moitié ouvertes.
Comment se comporte la vapeur d'eau contenue dans l'air?
C'est quelque chose qui est difficile à comprendre pour les profanes, car la vapeur d'eau est un gaz vraiment spécial.
D'où vient-elle d'abord?
- De la vapeur d'eau produite naturellement par notre activité humaine : douches, cuisine, vaisselle, lave linge, séchoir, repassage, etc.
- De notre propre respiration qui dégage de la vapeur d'eau bien visible en hiver lorsque nous expirons dehors par temps froid : on fait de la buée !
- De l'arrosage des plantes d'appartement qui restituent l'eau par évapotranspiration;
- D'un aquarium dont l'eau en surface s'évapore, raison pour laquelle nous devons régulièrement remettre de l'eau.
- De notre transpiration : si nous devons en moyenne boire 2 L d'eau par jour, c'est que nous perdons cette quantité d'eau chaque jour dont, en partie, par les urines.
- Et nos animaux domestiques font la même chose que les humains en ajoutant leur propre buée et transpiration.
Combien en produisons-nous?
- En moyenne, une famille de 6 personnes va produire 10 à 15 L de vapeur d'eau par jour. Or, le volume d'air contenu dans l'appartement est de 70 x 2,4 = 168 m3. Si la ventilation des locaux est nulle, on obtiendra donc au minimum 10000 gr / 168 m3 = 60 gr de vapeur d'eau par m3 d'air.
- Or, de l'air à 25° et 65 % d'humidité relative ne peut contenir que 15 gr de vapeur d'eau par m3 d'air et pas davantage, ce qui montre que les grille de ventilation du WC, de la salle de bains et la hotte ouverte de manière statique (sans aucune grille) aspirent déjà pas mal de vapeur d'eau.
- Mais est-ce suffisant en présence des parties plus froides que constituent les doubles vitrages et les ponts thermiques du mur pignon dans les 2 chambres?
Que devient cette vapeur d'eau ? L'utilité du diagramme de Mollier !
Pour autant que l'appartement soit peu ou pas ventilé, cette vapeur d'eau va s'accumuler :
- Dans le volume d'air de l'appartement, soit 168 m3 à 25° et 65% d'humidité relative (relevés dans le séjour;
- En partie dans le plafonnage qui joue partiellement un rôle d'équilibre hygrométrique et qui peut se charger d'une certaine quantité d'eau jusqu'à saturation, cas des plages humides où on a mesuré 100% d'humidité.
Mais que se passe-t-il là où il fait plus froid? Un air plus froid contre une surface plus froide est incapable de garder 15 gr de vapeur d'eau comme nous le montre le célèbre diagramme de Mollier. En effet, en prolongeant verticalement le point 25° et 65%, on voit qu'on atteint 100 % d'humidité, donc le maximum, à 18° déjà, ce qui s'appelle la température de rosée, celle en dessous de laquelle on a de la condensation de la vapeur d'eau en surplus.
- Quand la température extérieure est de 2 à 3°, ce qui était le cas au moment de la visite, la température de surface des doubles vitrages et des ponts thermiques est largement en dessous de 18°.
- La vapeur d'eau contenue dans l'air plus froid au voisinage de ces surfaces est donc à saturation et le surplus ne peut que se condenser. C'est inévitable et c'est caractéristique dans la
pièce où on concentre le plus de vapeur d'eau, à savoir la chambre avec 4 dormeurs. C'est la pièce la plus humide et la moins salubre !
- Et le phénomène va s'accentuer si on éteint ou si on ralentit le chauffage nocturne.
Paradoxalement, si on limitait le chauffage à 20° et qu'on ventilait un peu plus pour avoir 60% d'humidité, c.-à-d.10 gr de vapeur d'eau par m3 au lieu de 15 g actuellement, la température de rosée descend à 12° environ et aucune condensation n'apparait sur les doubles vitrages tandis que les ponts thermiques seront à une température supérieure, à mon avis. Cela peut se calculer, mais nécessite de connaître la composition des murs et du pont thermique avec ou sans isolation.
En voici la démonstration en remplissant le diagramme de Mollier dans les 2 cas de figure.
Surchauffer n'est donc pas du tout la bonne solution. Au contraire, on aggrave les phénomènes de condensation.
Que doit faire le locataire en pratique ?
Voici une vue satellite de l'appartement dessiné en jaune dans ce quartier urbain. Le Nord est évidemment en haut de la carte comme d'habitude, par convention. On voit même ici que cet
appartement a quasi 4 façades.
- Le pignon froid où se situe un long pont thermique, une poutre extérieure en encorbellement en béton armé, est orienté au Nord-Ouest, ce qui explique qu'il est plus
froid.
- Une des chambres du pignon, le séjour et la cuisine sont orientés sur la façade de droite plein Nord-Est, très froide également, mais non battue par les
pluies.
- Les deux autres chambres dont celle avec 4 occupants, ont leur fenêtres sur la façade de gauche, plein Sud-Ouest vers les pluies battantes. Ces fenêtres ne sont donc quasi jamais
ouvertes.
- Ce qui laisse comme seule possibilité l'ouverture d'une fenêtre de chambre, le châssis du séjour et la fenêtre de la cuisine.
- Avantage, un voleur aura sans doute plus de difficulté d'entrer par là, alors que sur la façade opposée, il lui suffirait de pousser la fenêtre ouverte pour entrer dans les
lieux.
Notez que cet appartement est finalement au Nord de l'immeuble sans jamais bénéficier du soleil généreux à midi. Mais de toute façon, il y a au Sud une colline boisée dont l'ombrage recouvre
rapidement le quartier l'après midi et personne ne profite réellement d'un soleil hivernal à midi.
Ventiler et chauffer raisonnablement !
- Ventiler :
- Il n'est évidemment pas facile de maintenir chaque jour ouvertes des fenêtres sans tombant à raison de 2 fois 10 minutes à 2 fois 30 minutes suivant la gravité des
phénomènes.
- Les calculs des chauffagistes tiennent compte d'un renouvellement total de l'air d'une habitation chaque jour, donc chaque jour, il faudrait renouveler totalement les 168 m3 d'air de
l'appartement, à la fois pour des raisons hygiéniques et pour assècher ou diminuer l'humidité relative ambiante. Pour rappel, on avait 65% dans l'appartement visité, ce qui est beaucoup
dans un living où normalement on ne devrait avoir que 50 %. On tolère momentanément 60 à 70 % dans les salles d'eau, dans la cuisine pendant la préparation des repas et dans la buanderie
pendant les lessives, le séchage et le repassage.
- Comment alors ventiler lorsque les fenêtres ne peuvent que s'ouvrir et qu'il n'y a pas de position tombante !?
- C'est déjà quasi impossible derrière des façades exposées aux pluies battantes : l'eau va entrer sur les appuis de fenêtre et les murs en dessous et le vent risque d'ouvrir
ces châssis exposés. C'est le cas des 2 chambres à gauche.
- Il ne reste donc que les façades Nord et Est qui pourraient convenir et, l'occurrence, les 3 châssis de la façade Nord-Est, soit 1 chambre, 1 séjour et 1 cuisine où la hotte
est cassée.
- C'est déjà quasi impossible derrière des façades exposées aux pluies battantes : l'eau va entrer sur les appuis de fenêtre et les murs en dessous et le vent risque d'ouvrir
ces châssis exposés. C'est le cas des 2 chambres à gauche.
- De combien pourrait-on laisser ouvert 3 châssis de 1,20 m de haut et 0,80 m de large en moyenne deux fois par jour pour remplacer tout l'air intérieur?
- 1 cm d'ouverture seulement procure déjà une ouverture de (1,2 + 0,8)*0,01 = 0,02 m2 ou 2 dm2, ce qui n'est pas négligeable.
- Si de l'air parvient à entrer (je vais revenir sur ce point) avec une vitesse limitée à 1 m/sec au lieu des 2 m/sec admis, ont aura pour chaque châssis 0,02 m2 x 1m/sec = 0,02
m3 d'air/sec, soit en multipliant par 3600 secondes, 72 m3 d'air par heure x 3 châssis, soit au total 216 m3 d'air neuf dans un volume de 168 m3, et ce, en ouvrant une
heure ou deux fois une demi heure !
- 1 cm d'ouverture seulement procure déjà une ouverture de (1,2 + 0,8)*0,01 = 0,02 m2 ou 2 dm2, ce qui n'est pas négligeable.
- Mais nous avons un problème, car une façade Nord-Est est en dépression 95 % de l'année, c.-à-d. qu'elle est aspirée par le vent d'Ouest et que, par conséquent, l'air
entre très peu par des fenêtres ouvertes de ce côté, à moins de créer un courant d'air en ouvrant du côté opposé où il pleut, où de l'eau de pluie va tomber sur l'appui
de fenêtre et où un voleur peut entrer facilement !!! C'est la quadrature du cercle.
- On peut aussi ouvrir plus grandes les fenêtres de la façade Nord-Est, mais cela va refroidir considérablement l'appartement. Or, on conseille de ne pas descendre sous
17°.
- Il n'est évidemment pas facile de maintenir chaque jour ouvertes des fenêtres sans tombant à raison de 2 fois 10 minutes à 2 fois 30 minutes suivant la gravité des
phénomènes.
- Chauffer raisonnablement :
- On a vu qu'il était inutile et même néfaste de chauffer à 25°, car on accumule plus de vapeur d'eau et on relève de point de rosée, ce qui accroît le risque de condensation sur des
parois froides.
- De plus chauffer des murs qui sont humides accroît aussi la consommation de 20% en moyenne.
- On a vu qu'il était inutile et même néfaste de chauffer à 25°, car on accumule plus de vapeur d'eau et on relève de point de rosée, ce qui accroît le risque de condensation sur des
parois froides.
- Sachons enfin que s'il faut 3 mois pour humidifier les murs, il en faudra le double pour les assécher et donc, ventiler encore plus.
- Enfin, il faut faire partir les moisissures avec de l'eau de Javel diluée à 10%. Ces moisissures sont un risque pour la santé.
Quelques conseils utiles à retenir
- Surchauffer à 25° ne sert à rien, aggrave les problèmes de condensation et augmente le budget chauffage de 35% en moyenne ! De plus le chauffage électrique est 2 à 4 fois plus cher que le chauffage gaz selon que le compteur électrique est bi-horaire avec un tarif de nuit ou pas.
- Vu la situation des lieux, un appartement à 4 façades plein Nord, une ventilation naturelle uniquement possible par une façade Nord-Est en dépression, il est fortement conseillé de créer un
courant d'air entre la façade Nord-Est et la façade opposée Sud-Ouest :
- Par des arrivées de ventilation via des carottages Ø 100 à travers les murs de façade, sous le plafond, dans chaque chambre, dans le séjour et même dans la cuisine;
- Ces carottages seront équipés à l'extérieur de grille pare pluie en aluminium avec moustiquaire et d'une grille à lamelle mobile en PVC à l'intérieur.
- Des ouvertures de transfert seront prévues sous chaque porte intérieure, soit en recoupant leur base de 1,5 cm, soit en faisant 5 trous Ø 40 mm en bas des portes avec une scie cloche.
- Je ne mettrais pas d'extracteurs de suite, puisque les grilles du WC et de la salle de bains semblent efficaces. On sera donc dans le cas du système A prévu par le règlement de la Région Wallonne de 1998 avec des entrées d'air statique et des extractions naturelles par effet cheminée.
- Je remettrais le chauffage central au gaz en route avec réglage sur 20° dans le séjour, la cuisine et le hall, 18° dans les chambres et 22° dans la salle de bains, les calories électriques coûtant 4 fois plus chères que les calories gaz avec l'inconvénient de ne donner qu'une chaleur radiante sans mouvements convectifs de l'air ambiant, donc au détriment du réchauffement des parois extérieures qui restent plus froides qu'avec le chauffage central. Au moins, je ne paierais que les charges locatives prévues pour le chauffage et pas le supplément d'électricité en même temps.
- Je répartirais les enfants pour avoir 2 personnes par chambre.
- Je déplacerais enfin les mobiliers des murs extérieurs pour permettre un réchauffement des parties actuellement cachées.
- Toutes les ventilations ajoutées par la société de logement seront totalement ouvertes 24 H sur 24, ce qui est l'avantage indéniable de cette solution. Vous verrez rapidement descendre le taux hygrométrique actuel trop élevé de 65%.
- Et surtout, n'oubliez pas de baisser le chauffage à 20° en remettant un pull sur les épaules, pas de simples chemises comme on a pu le voir.
J'espère que cette étude sera utile aux lactaires et aux propriétaires en général. Je suis à votre disposition pour analyser votre situation de manière plus exhaustive et scientifique. Vous pouvez même
me commander une expertise par internet et faire un paiement directement par Paypal ou par virement
bancaire. Je prendrai contact aussitôt avec vous. Une visite en Province de Liège avec un rapport verbal ou sur papier carbone ne vous coûtera qu'un forfait de 149 € TVAC.